Lang Lang ne pouvait qu'être chinois...


Il a une paire d’Adidas à son nom, a vendu son image à Montblanc, Panasonic, Rolex, Sony, à des eaux minérales, des Banques, près de 17 000 fans sur Facebook, il pourrait être sportif, rockstar, ou acteur, mais non, Lang Lang est pianiste.
C’est au détour d’une conversation houleuse sur la musique classique j’échangeais sur l’importance ou non qu’ont les grands interprètes à être reconnus, à l’image des superstars internationales d’aujourd’hui. C’est comme ça qu’on me fit découvrir le personnage bel et bien réel de Lang Lang, surnommé par le magazine masculin GQ le « virtuose bling bling », surnom que je trouve plutôt approprié. En effet, je n’avais pas eu écho auparavant de ce véritable phénomène qui est apparu dans le monde de la musique classique il y a une dizaine d’année.
C’est dans la frustration de son père, chef d’orchestre dans l’armée de l’air qui a vu sa carrière coupée de souffle par la révolution culturelle, et dans l’esprit de compétition chinois exacerbé, que Lang Lang a évolué.
A 2 ans, on lui offre un piano en cadeau, à 9, il tente le concours d’entrée au conservatoire de Pékin sous la pression effroyable de son père qui le met devant la seule alternative de se donner la mort en cas d’échec au concours. Il est reçu 1er sur 15 parmi les 2000 candidats. Il enchaine les concours qu’il gagne à chaque foi. Parmi eux, le concours Ettlingen en Allemagne où un prix est créé spécialement à son effigie ; en plus de 4000 marks, il reçoit le prix de « l’interprétation artistique la plus remarquable de l’histoire de la compétition », quand même !
A 14 ans, il est pris sous l’aile du directeur du Curtis Institute de Philadelphie, qui, après l’avoir auditionné, lui offre, piano, appartement, bourse pour couvrir… toutes ses dépenses, tel une princesse des Emirats !
C’est à Philadelphie que sa culture « bling bling » se forge. Il découvre les joies des superproductions de séries américaines, en passant par les grands rappeurs ou encore la ferveur des matchs de la NBA. il est confronté aux cultures chinoises et américaines qui semble en tout s’opposer.
Sa carrière prend un tournant propulseur au festival de Ravinia, il confie « En attaquant les accords, je pensais au smash de Michael Jordan et en jouant les octaves, je pensais au swing de Tiger Woods ».
Ces deux figures du sport, en lisant ce que la presse dit de lui, semblent être ses références dans sa pratique. En effet, « c’est parce qu’avant lui (Tiger Woods), les gens disaient du golf la même chose que de la musique classique : c’est un truc de riches et de vieux qui s’ennuient ». Quant à Michael Jordan « il a su montrer le côté artistique du port. Ces deux là me rappellent tout le temps que si l’on doit se dépasser, il ne faut pas pour autant perdre sa légèreté. »

A-t-il vraiment le talent à hauteur de sa renommé ? Je ne suis pas en mesure de répondre à cela mais, je me dit qu’un pianiste qui réussi a rassembler plus de 100 000 spectateurs en plein air à New York, Vienne ou Berlin, mérite qu’on parle de lui ! On est loin des 3 passants qui s’arrêtent devant l’orchestre permanent de la station de métro Chatelet, d’autant plus que la plupart du temps, c’est pour regarder le meilleur itinéraire à suivre sur le plan au mur.
A la manière de Rubens qui peignait pour les Coures d’Europe, Lang Lang joue pour la mondialisation. Il a joué pour les plus grandes manifestations internationales de 2010 ; parmi elles : la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin, de lexpo universelle à Shanghai, ou encore celle de la Coupe du monde de foot à Munich, pour le forum mondial d’économie de Davos, la remise du prix Nobel de la Paix à Barack Obama. 
Dernièrement, l’une de ses interprétations a fait polémique. En effet, lors du diner officiel pour la venue de Hu Jintao aux Etats-Unis, il a choisi un morceau de la bande originale d’un film anti-américain de 1956 intitulé La bataille du Mont Shangganling. Il se défend d’avoir choisi ce morceau pour ce qu’il conote, mais bien pour ses qualité musicales, sur son site officiel on peut lire : « J'ai été très honoré d'avoir été invité à se produire à la Maison Blanche récemment. Les deux morceaux que j'ai joué ont été, premièrement, de Maurice Ravel "Ma mère l'Oye» (Mother Goose) à quatre mains, l'autre, une pièce chinoise appelée "Ma Patrie". J'ai choisi cette chanson parce qu'elle a été l’une de mes préférées depuis que je suis enfant. Il n’a été sélectionné pour aucune autre raison que pour la beauté de sa mélodie.
En tant que tel, je joue de la musique pour rassembler les gens. »

Je me demande qui, en voyant la course poursuite d’un épisode d’un cartoon reprenant la Rhapsodie hongroise N°2 de Liszt n’a pas eu envie d’être le meilleur pianiste au monde, et l’est effectivement devenu ? !

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